La Véritable Histoire du P'tit Quinquin :
(Presse DD n° ptit)
C'est un poète lillois qui a écrit "Le p'tit quinquin" :
Alexandre Desrousseaux (1820 - 1892).
Il l'a écrite en 1853 en ch'ti.
Le monument du square Foch, rue Nationale - appelé aussi square du "P'tit quinquin" -
est une réplique récente de l'original, exposé à l'Hôtel de ville de Lille.
(Presse DD n° Ptit)
A cette époque, Desrousseaux a 33 ans et vit avec sa mère
dans le quartier populaire Saint-Sauveur à Lille.
Et c'est en observant une dentellière
endormir son enfant qu'il a eu l'idée d'écrire cette berceuse.
Cette berceuse fait partie de la cinquième livraison
de ses « Chansons et pasquilles lilloises ».
On doit ce monument au sculpteur Eugène Desplechin (1902).
(Presse DD n° Ptit)
Publication "Voix du Nord" le 24 Octobre 2021.
(VdN DD n° Img 226 - 227)
En octobre 1953, le Président Vincent Auriol et son épouse reçoivent,
dans un salon de l'Elysée, la chorale Lilloise "Les sans soucis".
Il ont chanté "Le p'tit quinquin" avec le fils du compositeur Desrousseaux et Line Renaud.
La même semaine d'Octobre 1953, Line Renaud faisait la "une" du magazine Point de vue...
Dans ses bras, un enfant et ce titre :"Le p'tit quinquin a 100 ans. Line Renaud l'a chanté à l'Elysée."
Publication "Voix du Nord" le 24 Octobre 2021.
(VdN DD n° Img 226 - 227)
Raoul de Godewarsvelde chante en Patois
"Le P’tit Quinquin", cliquez ci-dessous :
https://www.youtube.com/watch?v=ZSPXUhCal6Y
"Dors, min p'tit quinquin
Min p'tit pouchin
Min gros rojin !
Te m'feras du chagrin
Si te n'dors point j'qu'à d'main."
Ainsi l'aut' jour eun' pauvr' dintellière
In amiclotant sin p'tit garchon
Qui, d'puis tros quarts d'heure, n'faijot que d' braire
Tâchot l'indormir par eun' canchon.
Ell' li dijot : "Min Narcisse
D'main t'aras du pain d'épice,
Du chuc à gogo
Si t'es sache et qu' te fais dodo.
Et si te m'laich' faire eun' bonn' semaine
J'irai dégager tin biau sarrau
Tin patalon d'drap, tin giliet d'laine,
Comme un p'tit milord, te s'ras faraud !
J' t'acat'rai, l'jour d'la ducasse
Un porichinell' cocasse
Un turlututu
Pour juer l'air du Capiau-pointu
Nous irons dins l'cour Jeannette-à-Vaques,
Vir les marionnettes comme te riras
Quind t'intindras dire un doup' pou Jacques !
Par l'porichinelle qui parle magas
Te li mettras dins s'menotte,
Au lieu d'doupe un rond d'carrotte
Il t'dira merci
Pins' comme nous arons du plaisi !
Et si par hazard sin maîte eus'fâche,
Ch'est alors Narciss' que nous rirons
Sans n'avoir invie, j'prindrai m'n'air mache,
J'li dirai sin nom et ses surnoms
J'li dirai des fariboles,
I m'in répondra des drôles
Infin, unchacun
Verra deux spectac' au lieu d'un
Alors serr' tes yeux, dors min bonhomme,
J'vas dire eun'prière à p'tit Jésus,
Pou qu'i vienne ichi, pindint tin somme,
T'faire rêver qu'j'ai les mains plein's d'écus,
Pou qu'i t'apporte eune coquille,
Avec du chirop qui guille
Tout l'long d'tin minton
Te pourlèqu'ras tros heur's du long
L'mos qui vient, d'Saint-Nicolas ch'est l'fête,
Pour sûr au soir i viendra t'trouver
I t'f'ra un sermon et t'laich'ra mette,
In-d'sous du ballot un grand painier
I l'rimplira si t'es sach',
D'sait-quoi qui t'rindront bénache
Sans cha sin baudet
T'invoira un grand martinet
Ni les marionnettes, ni l'pain d'épice,
N'ont produit d'effet ; mais l'martinet
A vite rappajé eul'p'tit Narcisse,
Qui craignot d'vir arriver l'baudet
Il a dit s'canchon-dormoire,
S'mère l'a mis dins s'n'ochennoire
A r'pris sin coussin,
Et répété vingt fos ch'refrain
(Presse DD n° par)
La traduction en français :
Ainsi l'autre jour une pauvre dentellière,
En berçant son petit garçon,
Qui depuis trois quarts d'heures ne faisait que pleurer,
Tâchait de l'endormir avec une chanson,
Elle lui disait "min narcisse,
Demain tu auras du pain d'épice,
Des bonbons à gogo, si tu es sage et si tu fais dodo."
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Et si tu me laisses faire une bonne semaine,
J’irai chercher ton beau sarrau
Ton pantalon de drap, ton gilet de laine,
Comme un petit Milord tu seras faraud !
Je t’achèterai, le jour de la ducasse,
Un polichinelle cocasse
Un turlututu, pour jouer l’air du chapeau pointu
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Nous irons dans la cour, Jeannette-aux-Vaches,
Voir les marionnettes comme tu riras
Quand tu entendras dire un sou pour Jacques,
Par le polichinelle qui parle mal
Tu lui mettras dans sa main,
Au lieu d'un sou un rond de carrotte
Il te dira merci, parce comme nous, il prendra du plaisir !
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Et si par hasard son maître se fâche,
C’est alors Narcisse que nous rirons
Sans n’avoir envie, je prendrai mon air méchant,
Je lui dirai son nom et ses surnoms
Je lui dirai des fariboles,
Il m’en répondra des drôles
Enfin, chacun verra deux spectacles au lieu d’un
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Alors serre tes yeux, dors mon bonhomme,
Je vais dire une prière au petit Jésus,
Pour qu’il vienne ici, pendant ton somme,
Te faire rêver que j'ai les mains pleines d'écus,
Pour qu'il t'apporte une brioche,
Avec du sirop qui coule
Tout le long de ton menton, tu te pourlécheras trois heures du long
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Le mois qui vient, c'est la fête de St Nicolas,
C'est sûr au soir il viendra te trouver
Il te fera un sermon et te laissera mettre,
En-dessous du ballot un grand panier
Il le remplira si tu es sage,
De choses qui te rendront heureux
Sinon son baudet t’enverra un grand martinet
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
Ni les marionnettes, ni le pain d’épice,
N’ont produit d’effet ; mais le martinet
A vite calmé le petit Narcisse,
Qui craignait de voir arriver le baudet
Il a dit sa berceuse,
Sa mère l’a mis dans son berceau
A repris son coussin, et répété vingt fois le refrain
Dors mon p'tit Quinquin, mon p'tit poussin, mon gros raisin
Tu me feras du chagrin, si tu ne dors point jusqu'à demain
(Presse DD n° par)
En 2019, Patrice Desdoit, Lillois passionné d'histoire locale, a découvert récemment dans un journal de l'époque que Desrousseaux avait chanté cette chanson avec une poupée sur les genoux. Cette poupée du XIXe siècle existe toujours, elle a été retrouvée dans les réserves du musée de l'Hospice Comtesse ! Elle est relativement en bon état. 70 cm. Visage en porcelaine, corps en tissu. Elle est désormais exposée après avoir dormi pendant des dizaines d'années dans une boîte.
(Presse DD n° ptit)
En 1892, Desrousseaux meurt. La foule vient assister aux funérailles de cet auteur-compositeur devenu célèbre. En guise de marche funèbre, la foule entonne... le P'tit Quinquin ! La chanson avait été transcrite en mode mineur avec un accord final sur la tierce par le chef de musique des Canonniers de Lille.
La tombe d'Alexandre Desrousseaux à Lille.
(Presse DD n° des)
22/1/2022
Commentaire et Photos : Presse - Doc - Daniel Delafosse