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01828

Le comité de ravitaillement à l'usine Huet,

rue de Lille, pendant la guerre 14/18.

 (photo n° 1828) 

 

Un Regard Humain sur la Première Guerre Mondiale,

 

par l'historien local Roland Verkindère. 

 

« La grande oubliée de la guerre de 14-18, c'est la population civile. » C'est cette « petite histoire », celle des anonymes qui ont vécu la Première Guerre mondiale dans son village d'Halluin, que Roland Verkindère, ancien professeur d'histoire, partage aujourd'hui dans des publications ou lors de conférences.

 

« Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'aspect militaire de 14-18, mais les populations civiles. C'est aussi un travail de deuil. Mon grand-père maternel est l'une des victimes civiles de cette guerre. C'est normal qu'à un moment, j'ai voulu comprendre : je ne crois pas au devoir de mémoire, mais au travail de mémoire. Il ne faut pas considérer la mémoire officielle comme étant toute la vérité. »

 

 Roland Verkindère trouve donc ses sources à l'état civil, dans des documents d'époque ou des témoignages. Il a ainsi lu, il y a une quinzaine d'années, les carnets du secrétaire de mairie de l'époque, qui raconte au jour le jour la vie dans la commune pendant la guerre. Des carnets aujourd'hui perdus. 

 

Si Halluin n'a pas autant souffert de la Première Guerre mondiale que Comines ou Armentières, par exemple, la petite ville a quand même eu son lot de difficultés. Celles d'une «  ville otage », comme la qualifie Roland Verkindère.  «  En août 1914, 2 500 hommes sont mobilisés. En octobre 1914, les troupes ennemies occupent la ville. »

 

 Une occupation qui dura 1500 jours. Halluin devient une zone de cantonnement. Dans un premier temps, la population civile est « gardée » sur place afin de servir de bouclier contre les attaques alliées. Les hommes sont employés comme main-d'oeuvre. Les réquisitions de logements, de vivres, de fourrages... se multiplient. «  La population a incontestablement souffert de la faim, du froid et du rationnement. »

 

À partir de 1917 et en 1918, les populations, notamment les femmes, les enfants et les plus âgés, sont évacuées vers la Belgique ou le sud de la France. «  Il faut vider Halluin des "bouches inutiles". On garde les hommes et les jeunes filles, officiellement pour tenir propres les maisons. »

 

 La commune est passée ainsi de 15 800 habitants en 1914 à 6 500 en décembre 1918.

 

À la « délivrance », mi-octobre 1918, le bilan est lourd : 400 morts parmi les soldats, auxquels s'ajoute une cinquantaine de morts civils 300 maisons ont été détruites, un tiers des habitations endommagées.

 

Après la guerre, la reconstruction a été très difficile. Les usines étaient détruites. Les habitants, en majorité des ouvriers, ont eu beaucoup de difficultés à obtenir des dommages de guerre. Les esprits sont, eux aussi, marqués à tout jamais par ces épreuves, ceux des soldats, mais aussi ceux des femmes et des enfants.

 

2/12/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse