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Une salle des métiers " à plat " chez Gratry à Halluin. 

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 Tissage Jules Gratry à Halluin...

 Historique de 1854 à 2012. 

 

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Un Halluinois est entré au tissage Gratry en 1928, il en est sorti chef de l'ourdissage en 1975, voici son témoignage en octobre 2010 :

 

"Quand j'ai débuté, Gratry avait plus de cinq cents salariés. Il devait y en avoir une centaine en 1975. La main-d'oeuvre devenant plus chère, les patrons ont préféré d'autres pays. Il y a eu aussi le progrès technique : le tisserand, d'abord responsable d'un métier, en a eu quatre, puis sept, et parfois plus.

Les tisserands étaient bien payés mais ils faisaient aussi beaucoup d'heures, parfois soixante-cinq à soixante-dix par semaine. Les salaires attiraient les Belges, des bus entiers les amenaient. Le tissage a fait la fortune des bistrots des baraques : ils accueillaient les ouvriers attendant leur bus, près d'une canette, pas la même que celle de leur métier.

De 1940 à 1944, Gratry (comme Sion) a dû tisser des toiles de parachutes. Avec la fermeture des mines, des trains amenaient les anciens mineurs, qui se levaient à une heure du matin pour prendre leur équipe de cinq heures. Il y  avait alors les trois fois huit heures, et les usines auraient même pu travailler le week-end.

Puis il y a eu une fusions avec Lorthiois, et, ensuite quatre ou cinq reprises, dont une par un groupe japonais faisant du tissu d'ameublement rustique pour les murs des châteaux".

 

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En 1996, les géants du textile réunis poursuivent leur activité dans le regroupement GRATRY-LORTHIOIS INDUSTRIES (ex-GRATRY) avec un personnel compétent mais réduit et une production accrue. Toujours les mêmes produits qui s’exportent dans une vingtaine de pays jusqu’en Extrême-Orient, aux Etats-Unis ou à Hong-Kong. L’entreprise reste un leader du textile, l’un des derniers de la ville.

Début 2009, Gratry-Lorthiois, repris par les frères Antoine et Damien Willefert, devient une marque développée par Textiles de France. Les repreneurs ont fait le pari de préserver 34  des 70 salariés. L’entreprise produit des tissus de luxe et « techniques » (ANTI-UV, antifeu). 

Un défi de taille pour les deux trentenaires originaires de La Bassée qui à l'époque avaient revendu les parts d'une société familiale pour se lancer dans l'aventure. Trois ans après, Antoine et Damien Willefert s'en mordent les doigts.  « On a cru au destin de cette entreprise, au savoir-faire de nos salariés, à l'avenir des textiles innovants... Mais nous sommes victimes du système », regrette le duo.

Prononcée  le 3 novembre 2011, la liquidation judiciaire de Textile de France laisse 34 personnes sur la touche. Deux mois après, le démantèlement du site s'organise. Une vente aux enchères se déroule le 22 février 2012. Les métiers à tisser ainsi que toutes les archives de ce fleuron du textile (200 lots) ont trouvé acquéreurs, qu'ils soient Égyptiens, Pakistanais, Italiens ou de la ville d'Halluin, sous les yeux d'anciens salariés.

A la fin de la vente, plus de 800.000 euros ont été récoltés. Moins de 4 000 ont été dépensés par la Municipalité halluinoise, pour deux collections de Gratry, un dévidoir écheveau et une machine à perforer.

24/9/2010 - 13/3/2015

Commentaire et Photos :  ARPH - Daniel Delafosse