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02874

Colonies de Vacances d'Halluin.

Retour de Landivisiau en 1970.

A gauche au 1er plan, l'Abbé Pierre Chuffart.

    (photo n° 2874)

 

Les Colonies Halluinoises...

 de l'Abbé Pierre Chuffart (1922 - 2010).

 

Entretien effectué en Août 1993 :  

 

C’était entre 1964 et 1974, Des ribambelles de gamins d’Halluin sont partis chaque année pour une destination de vacances différente avec l’abbé Chuffart, alors vicaire d’Halluin, et sa « fine équipe » d’animateurs… Une épique époque d’animation que bien des colons et moniteurs ont gardé au fond d’un tiroir, dans un coin de leur cœur.

 

« Bah, vous savez, je ne veux pas tellement qu’on parle de moi. L’important c’était la colo » prévient l’Abbé Chuffart. Mais sitôt qu’on lui rappelle ces fameuses colonies, il en a des souvenirs à raconter. Et pour cause. Onze colos ont marqué les dix années qu’il a passées à Halluin. Onze morceaux de vie aux quatre coins de la France dont il se souvient les yeux toujours rieurs.

 

« Je n’en ai personnellement que d’excellents souvenirs. C’était formidable. On partait en autocar avec des jeunes bénévoles, des jeunes comme ça, plein de dynamisme, des cuisinières très dévouées et les garçons des paroisses du Mont d’Halluin, du Colbras et du centre. Ah, pour s’amuser, on s’amusait ! ».

 De ces colos, il reste des photos, nombreuses, conservées pour beaucoup avec soin par M. Jacques Thomas, directeur adjoint et ami.

 Et puis des histoires de déguisements ou de batailles d’eau dont on rit encore rien qu’à se les raconter. Une page d’histoire de beaucoup de petits Halluinois - maintenant devenus grands – est restée dans les forêts de Bretagne ou de Seine… ».

 

Chinon en 1964, La Mure en 1965, Bourbriac en 1966, Le Fouët en 1967, Le Mêle sur Sarthe en 1968, Chantonnay en 1969, Landivisiau en 1970, Saint-Genest-Malifaux en 1971 et 1972, Ciat en 973 et enfin Martigny les Bains en 1974, une belle colo qui a rassemblé  146 enfants.

 

Tous ces noms évoquent chez bien des têtes aux cheveux blonds – parfois devenus gris – des souvenirs de vacances pas comme les autres. Les filles elles, partaient avec les sœurs de la Sagesse. Pour les garçons, les vacances, c’était avec l’abbé Schuffart. Nostalgique, mais pas triste, celui-ci ressort de pochettes jaunies, les quelques photos qu’il a gardées. Chacune d’entre-elles rappelle des épisodes qui sentent le vécu.

 

« En Bretagne, avec mon ami Jacques, un jour où il pleuvait, on avait décidé de faire un cirque. Eh bien on était tous les deux en clowns, c’était un sacré spectacle, vous auriez-vu ça ! » se souvient-il l’air jovial. Les journées de préparation avec les moniteurs n’étaient pas tristes non plus. Les photos le prouvent…

 Car les colos de l’abbé Chuffart, ça n’était pas comme maintenant, avec autant de moyens, et d’activités à la carte.

 « On faisait avec ce qu’on avait. Le matin, les jeunes participaient au rangement, faisaient leur toilette. Il y avait des petits jeux, et puis le courrier. L’après-midi, c’était touours un grand jeu. Des chasses au trésor, des jeux de piste, des journées à thème, toutes sortes d’activités où les enfants participaient du tonnerre ».

A grand renfort de papier carton, de bouts de ficelles et d’imagination, les journées passaient vite pour les garçons. Les bases de loisirs n’existaient pas et le budget était serré. Mais qu’importe, chacun mettait la main à la pâte.

« On s’occupait aussi de l’intendance. Personne n’était prévu pour le nettoyage. Les enfants faisaient leurs lits et passaient un coup de balai. Ils râlaient, mais ça leur faisait du bien ! ».

 

Le spécialiste des grandes journées à thèmes, c’était M. Jacques Thomas.

 

Marco Polo est de retour

 Dans les grands souvenirs, l’abbé Chuffart a en tête les souvenirs à Saint-Genest-Malifaux. Ils n’avaient pas hésité dans cette sympathique bourgade à reconstituer le retour de Marco Polo. Le bateau avait été réalisé. Un vrai bateau qui avait traversé le lac d’un bout à l’autre. Puis une fois descendu sur la terre ferme, le Marco Polo du jour avait emprunté un cheval.

« Les enfants vivaient la scène », se souviennent les deux compères.

 

L’année suivante, la municipalité de Saint-Genest-Malifaux avait contacté la colo. Une grande fête sur le thème de Saint Genest à travers les âges avait été organisée.

« Nous avions fait avec des matériaux récupérés un char sur l’époque des croisés. Le public avait été très impressionné » ajoutent-ils non sans une pointe de légitime fierté.

On se doute que lorsque Halluin débarquait pour trois semaines sur le lieu d’une colo, cela procurait une belle animation aux villages environnants.

 

Quand on demande à l’abbé Chuffart son plus beau souvenir de ces colonies, il répond sans hésiter « l’ambiance qui régnait là-bas. Il y avait un esprit de camaraderie qui a créé des liens si forts qu’ils existent encor. On insistait auprès des enfants sur l’entraide, sur le respect des autres ».

 

Sieste et veillée

 « L’après-midi, on commençait par la sieste. Ca plaisait pas mais c’était bien pour les enfants, pour les animateurs aussi qui pouvaient piquer un petit roupillon ! Et tous les soirs, c’était la veillée, je tenais beaucoup à ça. Il y avait aussi le cinquième repas… ».

 

Depuis toutes ces années, l’abbé Chuffart a marié la plupart de ses moniteurs, dont il parle avec une réelle affection. « Encore à l’occasion, les colons ou les moniteurs me contactent pour des mariages ou des baptêmes. Et je sais qu’ils se revoient assez souvent entre eux ».

 

70 ans dans l’émotion

  

Pour son 70ème anniversaire, plusieurs moniteurs avaient d’ailleurs décidé en octobre 1993 de réserver à l’abbé Chuffart une belle surprise…

 

« Jacques Thomas m’avait demandé de réserver mon dimanche avec insistance. Je ne me doutais de rien. J’avais d’autres choses de prévues. Et puis bon, comme il semblait y accorder beaucoup d’importance, je me suis libéré. Il est venu me chercher à Roncq, pour une réunion de la famille soi-disant. Et on roulait dans la campagne. Je ne savais pas où on allait. Puis on est arrivés à Wervicq. Je me suis dit « il devient fou, pourquoi il m’emmène ici ? » .

 

Arrivé au Château Dalle, l’abbé Chuffart allait constater que plus de 250 personnes l’attendaient, dont certaines venaient de Haute-Savoie ou du Gard pour fêter son anniversaire… et reparler des colos.

Ce jour-là, ils lui ont offert une belle assiette, avec toutes les dates et lieux des colos, et un livre d’or… Qu’il regarde de temps à autres quand le ciel est tristounet à Roncq…

Toujours partant, il prévient qu’il n’hésiterait pas à recommencer si on le lui demandait.

 

« L’autre jour, j’ai assisté à un départ de colo organisée par la mairie de Roncq. Il y avait un de mes anciens colons qui m’a demandé « et si on vous demandait de remonter dans le car M. L’abbé ? » Hé bien je lui ai répondu que j’y retournerai volontiers ! ».

 

Le temps du patronage et des colos organisées par les vicaires s’en est allé mais l’abbé Chuffart dit seulement que ça correspond à une évolution avec la télé, les loisirs qui ont changé.

« Les municipalités ont pris le relais et les jeunes doivent y vivre des choses tout aussi formidables. On apprend beaucoup dans les colonies, qu’on soit adulte ou enfant. La vie en communauté est riche d’enseignement.

Les colos ont été des moments très marquants. Il n’y avait jamais d’histoires bien graves, mais surtout une vraie fraternité ».

 

L’abbé Chuffart va bientôt quitter la paroisse de Roncq pour aller à Tourcoing. Pas bien loin. En emportant, c’est sûr, toutes les photos et les histoires des colos.

 

L' Abbé Pierre Chuffart s'en est allé...

 

Ancien vicaire d’Halluin et responsable des colonies de vacances,  l’Abbé Pierre Chuffart est décédé à Lille, le 19 Janvier 2010 à l’âge de 87 ans, dans la 57ème année de son sacerdose.

 

Né à Quesnoy-sur-Deûle le 3 septembre 1922, il était Prêtre du diocèse de Lille, retiré à la maison Saint-Jean. Il fut successivement  Vicaire à Seclin Saint-Piat, Halluin Saint-Hilaire, Curé de Saint-Nicolas à Wasquehal et de Saint-Piat à Roncq, en équipe sacerdotale à Tourcoing-Est.

 

La messe de funérailles s’est déroulée le samedi 23 Janvier 2010 en l’église Saint-Michel à Quesnoy-sur-Deûle et suivie de l’inhumation dans le cimetière dudit lieu.

 

29 /7/2010

 Commentaire : Daniel Delafosse