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Les résistants FFI et FTP de la Libération d'Halluin,

le 16 Septembre 1944.

(photo n° 3044)

La Libération d'Halluin - Septembre 1944

Tous les acteurs de la Libération :

un cliché historique ! 

Le 16 septembre 1944, tous les Halluinois ayant pris part aux combats de la Libération se rassemblent dans les jardins de l’actuelle Union Patronale, pour une unique photo.

Cinquante ans  (1994)  après beaucoup ont aujourd’hui disparu, mais d’autres sont encore en vie.

 

En septembre 1994, lors de la célèbration de la Libération de la ville, M. Alfred Simono ancien résistant dans les FTP  a réussi à mettre de nombreux noms sur ces visages. C’est cette liste  (avec les erreurs éventuelles d’orthographe) que je publie ci-dessous :

 

Roger Prevot, Marcel Vanlerberghe, Roger Vanwygene, Denis Gryson, Hoedt, Vervacke, Gustave Gourland, Camille Soen, Léon Aspeslach, Albert Verbecke, André Dewasme, Louis Marincourt, Maurice Vanhalst, Pierre Bogaert, Gilbert Dillies, Augustin Vandorme, Edouard Penasse, Julien Vandekerkove, Alfred Simono, Arthur Coopman, Henri Supply, Rémy Baert, Floris Castro, Julien Buttenaere, Abel Bataillie, Auguste Bouba, Georges Devriese, Emile Holvoet, Pype, Hervé Vandorme, Albert Verhellen, Albert Bolle, Paul Hus, Albert Verhelst, Adrien Subts, Hollebecque, Augsute Dekiert, René Ampe, Roger Provost, Léon Cnockaert, Raymond Casier, Joseph Raes, Holvoet, Cyrille Provost, Roland Vandendriessche, Les Frères Zinzen, Poppe, Dekimpe, Deneweth, Roger Vanneste. 

 

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Croix de Chevalier du Mérite National

(Photo DD 13494  n° Img 074) 

Un héros de la Résistance, M. Alfred Simono

fait Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

 Récit paru dans la presse locale.

 

En mars 1989, , l'halluinois Alfred Simono, Ancien lieutenant du Mouvement national des francs tireurs et partisans français, capitaine honoraire des troupes de marine, est décoré de la médaille de chevalier dans l’Ordre national du Mérite, sur proposition de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre.

 

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Beaucoup de monde dans la salle d'honneur de la Mairie d'Halluin.

1er à gauche de la photo : M. Alfred Simono.

(Photo VdN DD 13493  n° Img 057)

Devant une très nombreuse assistance, dans la salle d'honneur de la mairie, M. Didier Desprez, maire d'Halluin, s'adressa à M. Simono qu'il appela Alfred :

"C'est un moment délicat que celui de recevoir de la pommade, cela nous met parfois dans l'embarras. Mais cette remise de croix doit être l'occasion de rappeler des moments difficiles. Il faut avoir en mémoire tout ce qui a été fait, et comment cela s'est passé. Ceux qui reçoivent une décoration pensent aux autres qui les ont aidés dans leur action. En tout cas, je vous félicite, et j'espère que vous partagerez mon analyse".

Et de poursuivre : "Ce jour de septembre, vous étiez un "voleur" qui a détalé comme un lapin pour échapper à la Gestapo, qu'il s'est retrouvé dans la salle des... prud'hommes. Une journée qui a tourné au drame. Ce qu'il faut souhaiter, c'est que plus jamais, il n'y ait de guerre".

 

Ce fut à M. Raymond Charniaux, secrétaire général de la fédération du Nord, membre du Conseil et du Bureau national de l’A.R.A.C., qu'il appartint de prononcer le discours. (...) «  Mais le prestige qui s’attache à cette haute distinction ne peut être rehaussé par la prise de rang dans l’Ordre du Mérite., d’une personnalité marquante de la ville d’Halluin, dont le patriotisme exemplaire s’est enrichi du meilleur civisme, au fil d’une existence consacrée au travail et couronnée par un dévouement inépuisable au service d’autrui.

 

Né le 23 janvier 1923, Alfred Simono avait dix-sept ans quand l’armée nazie déferla sur le sol national, accumulant les deuils et les ruines dans une région frontalière qui avait déjà subi les ravages de quatre années d’occupation allemande en 1914 – 1918. 

Profondément marqué par les témoignages vécus des citoyens rescapés de cette tragédie, et par le rappel lancinant des monuments aux morts, devant lesquels les maîtres d’école conduisaient leurs élèves à chaque cérémonie du 11 novembre, notre ami aspirait à la liberté, la fraternité et la paix.

 

Pour lui, l’occupation étrangère, la dictature fasciste étaient une humiliation insupportable, une plaie ouverte dans son cœur de jeune étudiant, imprégné d’idéaux républicains, d’aspirations à la démocratie, à la justice et au progrès social…

Mais le désespoir n’avait pas de prise sur des hommes comme Alfred Simono dont le patriotisme inné répondait présent aux appels à la résistance du 18 juin à Londres et du 10 juillet à Paris…

 

" A 20 ans"…

 

« Dans ces moments décisifs pour le destin national, poursuivit M. Charniaux, il fallait pourtant un courage sans limites pour faire le choix de la France, un dévouement inégalable pour affronter un ennemi sanguinaire au sommet de sa puissance policière et militaire, car les bourreaux nazis avaient décidés l’extermination des élites ouvrières et intellectuelles dont ils redoutaient le clairvoyant patriotisme, et leur rôle essentiel dans la naissance et le développement de la résistance française.

 

A vingt ans, en janvier 1943, au contact du résistant Edouard Penasse, receveur municipal d’Halluin, Alfred devient l’un des meilleurs combattants des Francs tireurs et partisans français de la ville, accomplissant de multiples actions directes contre l’ennemi, ses installations et ses moyens de communication, jusqu’à son passage dans la clandestinité pour échapper aux recherches de la gestapo ».

Croix de guerre, médaille de la résistance et croix du combattant

 

 Et d’évoquer les risques mortels encourus par de courageux citoyens : à Halluin, Tourcoing et Lille, dont le domicile a servi de refuge au lieutenant Simono jusqu’aux combats de la Libération. Il se plut alors lire un extrait de l’ordre particulier n° 66 du 4 décembre 1044 :

 

« Le Général Deligne commandant la 1ère région militaire sur proposition du Colonel Lejeune, chef régional des Forces Françaises de l’Intérieur, cite à l’ordre de la Division le lieutenant Alfred Charles Simono, chef de groupe de résistance : a effectué de nombreux sabotages dangereux. A saboté 130 wagons en gare d’Halluin. A montré constamment un dévouement absolu et un parfait mépris du danger ».

 

Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent.

Le ministre de la Défense nationale et des forces armées, par décret du 14 juin 1946, décernait la médaille de la Résistance, l’une des plus belles distinctions concernant la guerre d’indépendance et de Libération nationale au lieutenant Simono, dont le grade avait été validé le 18 octobre 1944 et qui s’était engagé pour cinq ans le 16 septembre 1944, au titre de l’infanterie de marine et porté volontaire pour la libération de Dunkerque.

 

La Croix du combattant et la Médaille commémorative de la guerre 1939 – 1945 ont également souligné sa belle attitude patriotique, qui appelle l’attribution de la Médaille des combattants volontaires de la guerre 1939 – 1945.

 

M. Charniaux évoque alors sa vie civile et souligna la précieuse collaboration de son épouse.

« Ancien président du Syndicat des lavoirs automatiques familiaux, ancien délégué consulaire à la Chambre de commerce et de l’Industrie de Lille, ancien responsable de la Fondation Raoul Follereau, toujours président de l’Action commerciale halluinoise, Alfred a su déployer une énergie militante humanitaire, tout en animant une activité socioprofessionnelle.

 

Président d’honneur de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre depuis 39 ans, notre camarade est l’un de ces citoyens valeureux dont l’idéal républicain est une composante essentielle du patriotisme.

 En cette année du bicentenaire de la révolution française et du 45ème anniversaire de la Libération, quelle joie pour notre A.R.A.C. qui s’identifie si  pleinement à la République, de distinguer un patriote irréprochable qui fait honneur à son association à sa famille, à sa ville, à son pays ! ».

 

Après le « Ouvrez le ban ! »  des Cavaliers halluinois, M. Charniaux,  délégué par le Grand chancelier de la Légion d’honneur, chancelier de l’Ordre national du mérite, et au nom du président national de l’A.R.A.C. remit la haute distinction.

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La remise de la décoration par M. Charniaux.

(Photo VdN DD 13492  n° Img 056)

 

Après « Fermez le ban ! », M. Alfred Simono se dit : « Heureux de n’avoir pas atteint la zone rouge de l’émotion », et remercia les responsables qui avaient œuvré pour l’obtention de cette distinction, MM. Coopman, président de la section locale de l’A.R.A.C. et M. Charniaux « homme de terrain, battant, résistant et victime de guerre ».

 

Il rendit également hommage à Mme Charniaux et n’oublia pas dans ses remerciements les membres du bureau, les personnalités présentes, les membres de l’Ordre, et ses amis qui avaient répondu à l’invitation.

Ses mots suivants furent pour regretter que la Résistance avait été souvent mal comprise et flétrie, et que la télévision parfois en donnait une fausse image :

 

" Toutefois restons modestes, la Résistance à Halluin n’était pas celle du Vercors, ni celle de la région minière et la population de l’époque n’a pas eu à subir de représailles.

 Si certaines personnes cherchaient leur voie, il n’y eut cependant pas de collaborateurs. Ce fut une chance pour les résistants. Hélas, une place et des rues portent néanmoins les noms d’Halluinois morts pour leur idéal ".

 

M. Simono tint alors à adresser toute sa reconnaissance aux familles des disparus et ses profonds remerciements à M. André Deprétère, à M. et Mme Dubled, qui l’avaient recueilli à leur domicile ; il eut une attention toute particulière pour son grand camarade décédé le Docteur Stéphane Dubled, dont il fit l’éloge.

 

Et de citer ensuite une grande résistante, Mme Yolande Vanackère, qui fournissait les tickets d’alimentation ; et M. André Dewasme « Un dur, dont les mérites devraient être reconnus officiellement ».

M. Alfred Simono avait de nombreuses raisons d’être heureux et ému. Que de souvenirs à la fois exaltants et douloureux, lui revinrent à la mémoire en croisant l’un ou l’autre regard.

 

Et on imagine le coup au cœur qu’il dut maîtriser en découvrant, le matin même, le visage d’une dame qui, en quelque sorte, lui avait sauvé la vie. Jamais en effet, jusqu’à il y a quelques semaines, il n’avait réussi à savoir comment on avait pu le prévenir, le 28 juillet 1944, que la Gestapo était à ses trousses.

 

Voilà l’histoire : « Trois résistants avaient monté un coup sur Tourcoing. Ce coup tourna mal. Deux d’entr’eux furent arrêtés. Le troisième trouva refuge chez une tante au Blanc-Seau, qui s’arrangea pour prévenir les résistants halluinois de l’imminence d’une rafle.

 

Cette dame s’appelle Mme Verpraet, ici présente ». M. Simono la serra très fort dans ses bras et conclut :

« Mon vœu le plus cher, c’est que les faits de guerre et de résistance n’aient jamais plu lieu ». 

 

La médaille d’honneur de l’A.R.A.C. 

 

Chant des partisans et Marseillaise furent interprétés par les Cavaliers halluinois, mais la cérémonie n’était pas terminée. Une surprise attendait le récipiendaire qui allait recevoir des mains de M. Guy Allouche, la médaille d’honneur de l’A.R.A.C.

 

« Nous n’avons pas voulu mélanger les deux cérémonies : ce n’est pas le sénateur, mais le vice-président national de l’A.R.A.C. qui vous parle, celui né quand M. Simono partait pour défendre les libertés.  

On a voulu glorifier un acte qu’en temps ordinaire on déplore, mais pas dans ces conditions. Vous avez été un exemple pour les jeunes de courage et de désobéissance (une vertu à l’époque). Souhaitons que jamais plus il n’y ait de conflagration internationale.  

Mais de la résistance nous devons tous en faire afin que les Droits de l’homme dont vous êtes le défenseur ne soient pas bafoués ». 

  

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Sur le perron de l'Hôtel de Ville d'Halluin,

les dames fleuries en compagnie du maire Didier Desprez, 

du récipiendaire Alfred Simono et des dirigeants de l'A.R.A.C.

(Photo VdN DD 13491  n° Img 058)

 9/9/2010 et 4/9/2012.

Commentaire : Daniel Delafosse