:

 

(Pour agrandir ou laisser un commentaire, cliquez sur le titre principal ci-dessus).

 

Elections cantonales 1987 à Halluin...

Petite électrice deviendra grande !

(Photo NE DD 20689  n° Img 460)

 

Il y a 70 ans....  21 Avril 1944 - 2014 :

 

C'est grâce à l'amendement déposé le 21 Avril 1944

par l'ancien Halluinois Fernand Grenier, 

à l'Assemblée consultative provisoire à Alger,

que le droit de vote des femmes est établi en France. 

 

0122302863

Camps de Vacances Municipaux d'Halluin, créés par Fernand Grenier,

 à l'ancien stade de football, rue des Frères Martel, années 1931/1932.

 (Photos n° 1223, 2863)

Fernand Grenier l’employé de la Mairie d’Halluin,

devenu Maire, Député et Ministre de l’Air ! 

 

L’histoire d’Halluin « La Rouge » est, aussi, étroitement liée au destin de Fernand Grenier. Par la suite, ce militant du Parti communiste français est rendu célèbre comme élu de la ville de Saint-Denis et par le rôle qu’il a exercé pendant la Seconde guerre mondiale comme représentant du PCF auprès du Général de Gaulle, à Londres puis à Alger.

 

 

Fernand Grenier (1901 - 1992)

(Photo VdN DD 20624  n° Img 456)

 

Né à Tourcoing le 9 juillet 1901, d’un père camionneur et d’une mère ouvrière du textile. Orphelin à 16 ans, il adhère au Parti communiste français à la section de Neuville-en-Ferrain à l’âge de 21 ans, juste après le Congrès de Tours, et devient secrétaire de la section des Jeunesse communistes d’Halluin.

Après avoir obtenu  son certificat d’études, Fernand Grenier sera ouvrier boulanger mais aussi aide-comptable. Puis, il devient, de fait, permanent du parti sous le couvert d’un poste d’employé à la mairie d’Halluin en 1926.

 

C’est en novembre 1924, qu’il suit les cours de l’ « Ecole léniniste » de Bobigny et se fait remarquer par ses capacités à écrire dans les journaux syndicaux et communistes. Promu à des responsabilités au sein de la Région Nord, en 1927, il est condamné à huit mois de prison pour action antimilitariste. A sa sortie, en 1928, il poursuit son action militante.

Soupçonné de trotskysme en 1930 à cause de son amitié avec Albert Cornette, secrétaire de la CGTU, il connaît une brève période de disgrâce jusqu’en 1932 où il reprend des responsabilités dans le Nord, puis comme permanent du Comité Central, à Paris où il est chargé de l’animation de  «  l’association des Amis de l’URSS » fonction qu’il va conserver jusqu’en 1939. En 1933, il séjourne un mois en URSS. L’association compte 70.000 adhérents en 1936, et sa revue «  Russie d’Aujourd’hui » tire à plus de 100.000 exemplaires.

 

 Il quittera Halluin en janvier 1933, après avoir reçu en novembre 1932 un télégramme de Maurice Thorez l’appelant à Paris.

 

En 1935, Fernand Grenier est chargé de la reconquête de la ville de Saint-Denis. En 1937, l’ancien halluinois sort vainqueur des élections municipales, avec 4.000 voix d’avance, face au député-maire sortant Jacques Doriot.

Le 1er août 1937, Fernand Grenier devient député de Saint-Denis après avoir facilement battu le remplaçant de Doriot. A la Chambre des députés, il siège à la commission des comptes définitifs et des économies et à celle des Affaires étrangères.

Mobilisé en septembre 1939, resté fidèle au parti après le Pacte germano-soviétique, il participe en uniforme à la séance de l’Assemblée du 9 janvier 1940 en compagnie de trois autres députés de la Seine. Tous trois refusent de se lever lorsque le président rend hommage aux armées, ce qui leur vaut d’être déchus de leurs mandats de députés.

 

Il participe à la résistance ; arrêté le 5 octobre 1940, il sera emprisonné à Aincourt, Fontevrault et au camp de Châteaubriant d’où  il s’évadera le 19 Juin 1941 pour continuer la lutte comme rédacteur à « L’humanité Clandestine ».

 

Il est choisi pour représenter le Comité Central lors des premiers contacts avec des envoyés de la France Libre. Il rencontre ainsi Rémy le 25 novembre 1942, et en sa compagnie, gagne l’Angleterre en janvier 1943. A cette date, Il sera délégué du Parti communiste auprès du Général de Gaulle à Londres, et chroniqueur de la BBC.

 

Le parti communiste présente des exigences pour la participation des communistes au Comité Français de la Libération Nationale créé par De Gaulle et Giraud le 3 juin 1943 à Alger. Ce  comité deviendra le 3 juin 1944 le Gouvernement provisoire de la République Française, présidé par le Général de Gaulle.

Ce n’est que le 4 avril 1944, qu’un compromis est trouvé et que De Gaulle nomme deux commissaires communistes, dont Fernand Grenier commissaire à l’Air. Il le restera jusqu’au 10 septembre 1944.

Le conflit qu’il a avec De Gaulle à propos de l’affaire du Maquis du Vercors se traduit finalement par son remplacement par Charles Tillon au poste de commissaire à l’Air. En octobre 1944, celui-ci  est nommé à la tête du ministère de l’Air.

 

Fernand Grenier représente le PCF à l’Assemblée consultative jusqu’en octobre 1945 où il est réélu député de Saint-Denis à l’Assemblée constituante en octobre 1945. Député de la Troisième, de la Quatrième et de la Cinquième République, il conserve cette fonction jusqu’en mai 1968. Il est également membre du Comité Central jusqu’en mai 1964.

 

M. Fernand Grenier (ancien employé de la Mairie d'Halluin)

qui a permis le droit de vote des femmes, il y a 70 ans.

(Photo NE DD 20703  n° Img 470)

 

A noter tout particulièrement dans son action : c’est grâce à un amendement qu’il dépose le 21 avril 1944 à l’Assemblée consultative provisoire à Alger que le droit de vote des femmes est établi en France.

 

Ceux qui l’ont connu à Londres pendant la guerre, ou plus tard, dans les instances du Parti ou à Saint-Denis parlent de lui comme d’un homme au commerce agréable et bon vivant. 

Fernand Grenier est aussi l’auteur de cinq ouvrages, « C’était ainsi » et « Au pays de Staline » (1949), « Ceux de Châteaubriant (1961), «De Munich à Vichy » (1969) et « Ce bonheur-là » (1974).

 

Il décèdera à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en Août 1992. 

 

                                                                                                                                                                          Daniel DELAFOSSE  

 

Petit retour en arrière...

sur sa période halluinoise : 

 

« C’est à Halluin qu’il est devenu communiste » n’hésite pas à dire Madeleine Mittenaere, militante locale du Parti communiste, conseillère municipale en 1952. Qui a toujours conservé des liens d’amitié avec celui qu’elle présente comme le meneur des jeunesses communistes locales, du temps « d’Halluin la Rouge ».

En 1978, dédicaçant son livre « Ce bonheur-là », où un chapitre est consacré à « Halluin la citadelle assiégée » il écrit : « A Marcel et Madeleine, mes bons camarades des années héroïques pendant lesquelles j’ai acquis à Halluin une inaltérable confiance dans la classe ouvrière ».

 

Madeleine Mittenaere a connu Fernand Grenier dès 1926, par celui qui allait devenir son mari en 1934. Alain Mittenaere est membre de la commission des jeunesses communistes : 

« Tous les dimanches, ils partaient en vélo pour distribuer  « l’Enchaîné » (Journalcommuniste du Nord) à Halluin, Bousbecque, Roncq et Linselles.

 

Elle, attendra la guerre pour prendre sa carte au Parti, mais déjà elle participe aux réunions et manifestations. Comme la plupart des Halluinois, elle a quitté l’école à treize ans et travaille comme ouvrière dans une usine de textile. 

Elle est au premier rang lors de la préparation, puis du déclenchement de la grève qui paralysera toutes les usines d’Halluin du 12 septembre 1928 au 11 avril 1929.

Fernand Grenier n’est pas là au démarrage de la grève. Il a été arrêté la veille par des gendarmes qui l’emmènent purger à Loos, une condamnation datant de 1927, à huit mois de prison pour « provocation de militaires à la désobéissance ».

 

Madeleine Mittenaere se souvient des réunions, dont certaines avaient lieu dans une prairie, près de chez ses parents, au bout de la rue de la Lys, dans le quartier du Colbras : 

« Tout le monde se groupait autour de Fernand pour éviter que les gendarmes l’arrêtent. Il parlait contre le gouvernement et contre les patrons ». 

Dans son souvenir, il y a eu deux arrestations : « chaque fois, lorsqu’il sortait de prison, tout le monde allait l’attendre à la gare… ».

 

Avec sa femme Andréa Beulque, qui était couturière, Fernand Grenier habitait rue Pasteur. 

Pendant la grève générale, Fernand Grenier avait eu l’idée d’organiser des soirées chantantes avec des lots provenant de dons de commerçants qui étaient mis aux enchères.

Le bénéfice allait aux familles les plus démunies. Il raconte dans « Ce bonheur-là… » comment il avait obligé son petit groupe de jeunes militants, férus de chants révolutionnaires, à apprendre dans les plus brefs délais, pour les soirées, les chants à la mode : « Ramona », « Nuits de Chine… ». Les soirées avaient lieu dans les bistrots et à la salle du Peuple.

« C’est toujours lui qui commençait la première chanson. Il commençait toujours par une chanson qu’il avait inventée : avec min pot d’papin, j’colle des affiches… Il chantait en patois tourquennois et tout le monde reprenait… C’est toujours lui qui animait. C’était lui qui pensait tout ; Il organisait aussi des bus pour les grévistes ». 

Madeleine Mittenaere n’a pas oublié non plus une autre chanson qu’elle fredonne sur l’air de « Voilà les gars de la marine ». Fernand Grenier était particulièrement fier de cette comptine intitulée : «Voilà les gars des camps de vacances… » pas pour son retentissement poétique, mais parce qu’elle était née de la collaboration d’une communiste et d’un chrétien… en l’occurrence Joseph Declercq, également employé de mairie et chansonnier célèbre localement.

Fernand Grenier était sensible à tout ce qui touche à la jeunesse : 

 

« C’est à son époque qu’on a créé à Halluin, les premiers camps d’été (l’équivalent de nos centres aérés) dans une plaine à la place de l’école Marie-Curie. Fernand amenait les enfants à la mer une fois par semaine. Parfois il y avait quatre ou cinq bus.  Au moment du départ, les enfants agitaient des petits drapeaux rouges et on chantait l’Internationale. Pour goûter il y avait un biscuit et un sachet de coco ». 

Fernand Grenier était également passionné de photo :  

« Une fois à la Maison du Peuple, il avait présenté aux enfants un diaporama qui avait eu un succès fou. C’était intitulé « Vos enfants à l’écran ».

 

Et puis il y a eu l’énorme remue-ménage dans la ville, lorsque Fernand Grenier ressort des archives municipales, un rapport accablant établit quelques années auparavant à la demande du gouvernement, qui se préoccupe du taux important de mortalité infantile dans le Nord.

 Halluin, choisit pour l’expertise y est gravement montrée du doigt, lorsque les médecins dénoncent le manque d’hygiène, les taudis, les privations et les bas salaires. 

Là encore, les souvenirs de Madeleine Mittenaere sont vifs : « Ma mère a eu douze enfants. Huit sont morts en bas âge à cause de la misère. C’était une drôle d’époque ! ».

Voir aussi suite :

http://alarecherchedupasse-halluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=7383:fernand-grenier-oublie-de-tous&catid=146:elus-et-agents-municipaux&Itemid=126&lang=fr#comment-1647

 

5/2/2011 - 15/4/2014

Commentaire et Photos : Presse - Daniel Delafosse