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02775

Café  "Au coin perdu" situé au 9, ruelle Saint Jean,
  tenu par M.et Mme Auguste Tierrie-Descamps. 
Leur petite-fille Mme Marie Antoinette Delafosse-Danset est née
le 13 juin 1914, dans ce café.  
 (photo n°  02775)
 

La ruelle Saint-Jean... filmée en 2010.

Rencontre avec la Presse Locale. 

 

En 2010, avec la complicité des vidéastes de Cinélys, l'association des Seniors halluinois réalise un documentaire sur l'évolution de l'habitat entre 1810 et 2010. Deux siècles au cours desquels Halluin a assemblé ses pavés et tricoté ses rues au fil de son essor industriel.

 

Ruelle Saint-Jean. On s'y faufile par une petite fente comme dans une boîte à secrets. À un battement de coeur de la rue de Lille, son flot remuant de véhicules, ses passants bavards ou pressés. Une coursive à peine plus large qu'un cartable d'écolier. Un dédale de briques polies par le temps qui finit par s'ouvrir comme par magie. Une cité dans la cité. La ruelle Saint-Jean relie la rue de Lille à la rue Gabriel-Péri en déroulant ses maisonnettes comme un livre d'histoire.

 

 Avec des rosiers qui lui grimpent sur les épaules. « Cet endroit est caractéristique de l'habitat qui s'est développé entre 1845 et 1870 à Halluin », raconte Roland Verkindère, l'insatiable historien. La ruelle Saint-Jean a une place toute particulière dans son coeur : « Quand mon père est revenu de la guerre en 1919, il habitait la toute première maison, elle était quasiment dépouillée, les gens étaient venus démonter ce qui pouvait brûler pour se chauffer. Le sol était en terre, les parties de billes étaient redoutables », sourit-il.

 

Le sol en terre était typique des maisons construites dans la seconde partie du XIXe siècle à Halluin pour les besoins des tisserands à domicile. « On installait le métier à tisser dans une pièce excavée face à une fenêtre pour profiter pleinement de la lumière, le sol en terre permettait de maintenir une humidité dans la pièce pour que le fil ne se casse pas » poursuit Alex Faidherbe, maire honoraire.

 

Pas de jardin ni d'eau potable...

 

Les deux hommes, passionnés d'histoire, préparent un documentaire avec la complicité de Cinélys. Le film, consacré aux grandes mutations d'Halluin, sera dévoilé en novembre 2010. Les caméras suivent les pas d'Alex Faidherbe dans les rues d'Halluin répondant aux questions de Roland Verkindère.

 

Ce documentaire arpente le « vieux bourg » d'Halluin et fait parler les murs : « Ces maisons étaient construites par des commerçants, des agriculteurs ou des rentiers et elles étaient habitées par des tisserands qui travaillaient à domicile, c'était bien avant l'épopée industrielle. Ces familles étaient les premières touchées lors des épidémies et des disettes, elles ne disposaient pas d'eau potable et n'avaient pas de potager », évoque Roland Verkindère.

 

En 1866, une épidémie de choléra tue en quelques semaines plus de 300 personnes à Halluin, principalement des enfants. L'été 1871 sera marqué par une forte mortalité infantile. Sur les 100 décès recensés par les archives municipales, 89 sont de jeunes enfants. Ruelles Saint-Jean, impasse du Mamelon Vert, cité Porchet, canton du Soleil... Des lieux chargés d'histoire qui ont précédé la grande épopée industrielle et l'arrivée des Demeestere, Gratry, Sion... Des usines qui ont transfiguré la cité et son habitat au fil des années « comme un puzzle » note Roland Verkindère.

 

Les industriels commenceront à construire des logements avec la naissance du CIL à l'image de la Cité du Vieux Moulin en 1949. Les maisons de courée ont beau être insalubres, elles ne sont pas pour autant abandonnées. Elles sont investies par des familles d'ouvriers qui les restaurent peu à peu en leur apportant du confort. « La loi de résorption de l'habitat insalubre, c'était du vol manifeste », se souvient Alex Faidherbe. Comme d'autres, la ruelle Saint-Jean a traversé les époques. Aux bras de ses amoureux.

 

28/11/2011.

Commentaire : Daniel Delafosse