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Albert Desmedt

Maire d'Halluin

19.03.1983 - 25.07.1987

Né le 13.12.1916 à Bousbecque (Nord) 
Décédé le 25.07.1987 à Halluin. 

 

 Né le 13 décembre 1916 à Bousbecque,  Albert Desmedt n’a pas 13 ans lorsqu’il commence à travailler, d’abord chez J. Laurent et Fils, puis aux papeteries Dalle et Lecomte, comme manœuvre puis comme employé chimiste.

En 1940, il entre à la mairie de Bousbecque où il est chargé du ravitaillement. Un poste qui lui permettra d’aider les réfractaires au travail obligatoire et les résistants.

 

Engagé dans la lutte contre l’occupant, il supportera les conséquences physiques de son courage : en septembre 1944, il a alors 25 ans, il est arrêté au cours d’une action menée avec un petit groupe de résistants par une troupe de S.S. qui les prennent en otage pour passer la frontière.

 

Arrivés à Halluin, les Allemands font feu. Grièvement blessé au poumon et à l’estomac, Albert Desmedt est laissé pour mort ; Les médecins de l’hôpital de Tourcoing parviennent pourtant à le sauver.

Son action dans la Résistance lui vaudra la Croix de guerre et la Légion d’Honneur.

 

C’est à l’issue de la guerre, qu’apparaît le personnage qui marquera de sa présence la ville d’Halluin et, au-delà, la vallée de la Lys, pendant plus de 40 ans. 

En 1945, Albert Desmedt découvre un métier pour lequel il nourrira une passion qui ne l’aura pas quitté. Cette année là, il entre comme journaliste à « Nord Eclair ». Il y restera quinze ans puis entrera à « La Voix du Nord » le 1er janvier 1959 et ne quittera son bureau de la rue de Lille qu’à l’âge de la retraite, en décembre 1981.

 

Marié à Geneviève Bello (décédée en décembre 2010) et père de cinq enfants, Albert Desmedt était devenu dans la commune une personnalité « incontournable ». Au centre d’un réseau d’amitiés et de relations qui touchait tous les milieux, il était à l’écoute, et se faisait l’écho, des préoccupations les plus diverses de ses concitoyens.

 

Observateur puis acteur

 

Homme politique, au étymologique du terme, rien de ce qui concernait la vie de la cité ne le laissait indifférent. Albert Desmedt, après deux ans de retraite, décidait de reprendre du service. Non plus comme observateur, mais cette fois comme acteur.

 

Lors des  élections municipales de 1983, il créait une certaine surprise, en battant le maire sortant M. Henri Leveugle, avec 700 voix de plus. Le samedi 19 mars 1983 au soir, Albert Desmedt portait pour la première fois l'écharpe de maire.

En 1983, le conseil municipal d'Halluin est composé ainsi  : les adjoints : Patrick Tierrie, Marie-Paule Heiblé-Doléans, Jean Ostyn, Louis-Paul Ampe, Freddy Mathys, Jacqueline Vanhoutte Debouver, Christian Verpraet, André Rampelberg, Denise Simono-Delannoy, et les conseillers municipaux : Didier Desprez, Jean-Pierre Verschave, Guy Fiolet, Roland Rosé, Norbert Deprez, André Lescroart, Francis Strzelczyk, Geneviève Dufour-Leplat, Roger Boudry, Pascal Delafosse, Raymond Castelain, Jules Wattel, Albert Dubois, Geneviève Grumiaux, Serge Maugeais et six membres de l'opposition : Henri Leveugle, Albert Houte, Alexandre Faidherbe, Stanislas Verschae, Denise Dansette-Dhuyvetter, Oscar Crombez.

 

Dans son discours, alors qu’il venait d’être élu maire, Albert Desmedt proclamait : « c’est maintenant l’heure des retrouvailles entre tous. Les différentes sensibilités sont représentées au sein du conseil municipal et c’est tant mieux ! »

  

Mais plus que ses réalisations, notamment les courts de Tennis couverts, la nouvelle salle de Judo, la Bibliothèque municipale, les travaux de rénovation de la Salle du Manège et du Foyer des Anciens… , ce qui restera sans doute en mémoire, c’est l’affirmation d’un style.

 

Homme de plume, le maire d’Halluin a d’abord montré qu’il avait la langue au moins aussi acérée que le stylo. En public comme dans le privé, il laissait parler sa sensibilité. Inaugurations, cérémonies, fêtes… Ce n’est qu’à de très rares exceptions près qu’il ressentait le besoin de préparer un discours. Il préférait plutôt laisser libre cours à son sens inné du contact. Un bon mot, une anecdote, un souvenir, un aparté (tutoiement de rigueur) avec telle ou telle personne de l’assistance : c’était Albert Desmedt, ne laissant à personne le soin de mener les débats au sein du conseil municipal, marquant de sa personnalité toute son équipe.

 

Deux ans après les Municipales, le 17 mars 1985, le maire d’Halluin était élu conseiller général du canton de Tourcoing Nord. Au second tour, face notamment à M. Christian Odoux (PS)  c'est  une victoire « sans bavures » que remportait le candidat « d’opposition sans étiquette », Albert Desmedt, avec près de 5000 voix d'avance, dans ce canton de Tourcoing-Nord dévolu depuis 18 ans au R.P.R.

 

Fort de ce succès,  Albert Desmedt qui  ne voulait pas aller au-delà dans son activité publique, restait cependant avant tout le maire d’Halluin : « mon élection à la mairie, c’est ce qui m’a fait le plus plaisir de tout mon existence. Et rien ne me fera jamais autant plaisir. Je réalisais une espèce de rêve personnel en trouvant un moyen d’accomplir ma retraite de façon plus valable, plus généreuse aussi : en tant que maire, je pouvais faire quelque chose de concret pour ma ville, pour mes concitoyens… »

 

Malheureusement, atteint par la maladie, Albert Desmedt devait décéder en cours de mandats le 25 juillet 1987.

Jusqu'au dernier moment, il était resté à l’écoute des dossiers de la ville. Ses adjoints venaient lui rendre visite régulièrement. L'avant-veille de sa mort, M. Vandeputte, secrétaire général de la mairie, était encore, comme d’habitude, à son chevet pour solliciter son avis sur quelques décisions municipales. Et l’entendre encore se laisser aller à son irréductible goût pour la plaisanterie…

 

C’est son premier adjoint à la Mairie d’Halluin Patrick Tierrie, comptable de profession, qui assuma l’intérim jusqu’au 2 septembre 1987.

 

Albert Desmedt a rejoint sa dernière demeure

 

Au rez-de-chaussée de la mairie, dans le salon transformé en chambre mortuaire, les Halluinois sont venus ce mercredi 29 juillet 1987, pendant toute l’après-midi, se recueillir devant la dépouille de M. Albert Desmedt.  

Pas de cohue, pas d’attroupement, mais un défilé continu d’anonymes, de responsables d’associations locales ou de personnalités, venus très dignement rendre un dernier hommage au maire d’Halluin.

 

Entouré des membres du conseil municipal, le cercueil de bois faiblement éclairé sur lequel a été posé le drapeau tricolore rappelant son appartenance à l’ordre de la Légion d’Honneur. Un drapeau qui, avec l’écharpe tricolore du premier magistrat et les palmes, insignes de la Croix de Guerre qui lui fut décernée pour son action dans la résistance, donne un caractère très solennel à cette veillée funèbre.

 

Albert Desmedt quitte pour la dernière fois sa mairie d’Halluin, il est 9 h 15. Le cortège funéraire gagne l’église Saint-Hilaire ce jeudi 30 juillet 1987. La garde d’honneur des sapeurs-pompiers accompagnait le corbillard derrière lequel se trouvait la famille et le conseil municipal pratiquement au complet. 

A 10 h. les rues d’Halluin étaient vides, et de nombreux commerces avaient fermé leurs portes. Comme si toute la ville avait tenu à porter le deuil de son maire tandis qu’étaient célébrées ses obsèques en l’église Saint-Hilaire.

 

Une église archi-comble pour accueillir ceux qui voulaient s’associer à l’ultime hommage. Une foule de personnalités parmi lesquelles M. Bouillon, sous-préfet, M. Maurice Schumann, vice-président du Sénat, M. Dermaux, député-maire de Tourcoing, MM Houssin et Delnatte, conseillers généraux, M. Netta, ancien maire de la ville d’Oer, une délégation de la ville de Menin, ainsi que de très nombreux maires et élus des communes voisines.

 

Derrière, tous les Halluinois venus assister à une cérémonie où solennité et simplicité s’allièrent aisément. A l’image de celui que l’on honorait. Solennelle la messe célébrée par le doyen d’Halluin entouré de tous les prêtres des paroisses de la ville, et de Bousbecque réunis autour de l’autel, derrière lequel avaient pris place l’Harmonie Municipale et la chorale de la « Lyre Halluinoise ». Solennel l’hommage rendu à l’un des leurs par ses amis de la Légion d’Honneur, ainsi qu’une quinzaine de porte-drapeaux de toutes les associations patriotiques rassemblés autour du cercueil, la haie de policiers en grand uniforme et la garde d’honneur constituée de sapeurs-pompiers.

 

Au terme de la cérémonie religieuse et d’une très longue offrande, lors de laquelle beaucoup tinrent à exprimer leur sympathie à la famille d’Albert Desmedt, c’est M. Patrick Tierrie, premier adjoint, qui rendit l’hommage de la municipalité :

 

« Albert, la ville d’Halluin est aujourd’hui autour de toi. Pour une dernière fois, elle tient à t’exprimer ses remerciements pour le temps, sans compter que tu lui as donné. Tout d’abord en tant que journaliste, fidèle au poste pendant de nombreuses années, à l’écoute des Halluinois et surtout des associations à qui, toujours, avec le sourire, tu tenais ta porte ouverte.  

La retraite ayant sonné, plutôt que de profiter d’un repos bien mérité, tu as voulu continuer à servir tes chers Halluinois, tu les as servis courageusement depuis quatre ans.  

Ces derniers temps, chaque fois que nous nous voyons, c’est toujours du sort d’Halluin et des Halluinois que tu te souciais. Jusqu’à ton dernier souffle, tu as œuvré pour le bien-être d’Halluin et du canton. 

Je terminerai ce mot par la fin du message que tu nous adressais le 14 juillet : A bientôt ! ».

 

Homme de cœur

 

C’est ensuite « son confrère, son ami, son frère », M. Maurice Schumann, ancien ministre,  Sénateur du Nord, membre de l’Académie Française, qui lui rendit le dernier hommage :  

« J’ai retrouvé sur ce cercueil ma croix de la Légion d’honneur, celle qui m’a été remise par le général Leclerc. Je ne pouvais la confier qu’à un frère. Je me souviens de te l’avoir épinglée, si près du cœur. De ce cœur qui a tant battu pour Geneviève, ton épouse, ta famille, pour Halluin, pour Bousbecque, ta ville natale, pour la Vallée de la Lys. 

Près de ce cœur qui battit aussi et surtout pour la France. De ce cœur qui fut offert à la France. De ce cœur d’un ami fidèle entre tous… jusqu’au devant du peloton d’exécution ». 

 

Et Maurice Schumann d’évoquer la « Symphonie Inachevée » qui venait d’être jouée : 

« Quel superbe symbole !  La joie, la bonne humeur ne s’arrêtent pas avec la vie. Goûtez-là désormais dans le rafraîchissement de la Lumière et de la Paix ! ».

 

Après ces paroles fraternelles de l’ancien ministre,  l’Hymne national a retenti… comme pour chaque ancien combattant au terme de la messe des funérailles. Mais cette « Marseillaise » là, prit une autre ampleur ; Elle célébrait l’ancien combattant certes, mais surtout l’ancien Résistant qui aurait sacrifié sa vie pour la Patrie, et le premier magistrat de la cité.

 

Accompagné d’une quinzaine de drapeaux, du conseil municipal et de sa famille, Albert Desmedt fut alors conduit au cimetière de la ville. Il était temps de dire adieu à ADES, et une dernière fois, il parcourut les rues de la cité qu’il aimait, entouré de ceux qu’il aimait. 

 

Dans son testament politique M. Desmedt souhaitait voir son conseiller municipal Didier Desprez lui succéder. Les membres de la liste majoritaire « Sécurité et Gestion » ont accédé à ce désir lors d’une séance extraordinaire du Conseil Municipal d’Halluin qui se déroula le jeudi 3 septembre 1987

Sur proposition du Maire Didier Desprez, la majorité du Conseil Municipal avait accepté de dénommer l’ensemble de la structure (Bibliothèque et Maison des Associations, situées rue de Lille),  « Centre Culturel Albert Desmedt » , inauguré officiellement en 1989.

 

22/12/2010.

Commentaire : Presse - Daniel Delafosse