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En 1961, M. Charles Vanoverschelde, Maire d'Halluin,

accueille l'abbé Blomme,

 Curé de l'église St Alphonse - Mont d'Halluin.

(photo n° 01926)

 

L'Abbé Joseph Blomme,

ou le souvenir d'un curé de campagne. 

 

 

L’abbé Joseph Blomme a pris sa retraite en 1987 à l’âge de 76 ans. Il fut surtout le dernier curé ayant effectué le plus long passage au sein de la paroisse du Mont d’Halluin de 1961 à 1978 (l’abbé Wante lui succédant, fut le dernier prêtre attitré jusqu’en 1990).

L’ancien halluinois est né en 1911 du côté des bateaux, des dunes ; des mouettes et du vent qui cingle.

En juin 1939, les canons ne tonnaient pas encore, mais déjà dans l’atmosphère, comme un peur d’air faux-jeton. C’est dans ce climat malsain, que l’abbé Blomme a enfilé sa première soutane.

Mais les affrontements sont arrivés, et le gaullisme affiché par l’abbé Blomme n’était pas du goût de tous. A Marseille, le Fort Saint Nicolas servait à régler ce genre de petits problèmes.

Libéré provisoirement, l’abbé Blomme a été prié par son juge d’instruction d’envoyer sa nouvelle adresse. Mais plus tard ! Des juges comme ça, il n’y en avait pas beaucoup. C’était
la guerre.

Au début, l’abbé avait la foi baladeuse et le sacerdoce remuant, il se retrouva « curé Tzigane », avec ceux qu’on avait tant poursuivi pendant les années de boucherie organisée par le sinistre imprécateur.

Par la suite, il devint professeur à Tourcoing au collège du Sacré-Cœur, il a assuré un intérim de… 20 ans dans une école de Froyennes en Belgique. Entre autres points de chute. C’est la mort de son père qui l’a freiné. Il a voulu devenir curé de paroisse pour avoir sa mère avec lui.

Arrivé dans la commune frontalière, il s’est posé 18 ans au Mont d’Halluin : « Un endroit exceptionnel où j’étais en communion parfaite avec les gens ».

En écho à son propos, voici une réaction venue du Mont d’Halluin : « Monsieur le curé, c’était la gentillesse même. A toute heure, chacun était le bienvenu, accueilli avec le sourire et l’assurance d’être écouté par un homme soucieux de l’autre ».

En 1978, il s’en est allé à Tourcoing, pour aider le doyen de Saint-Christophe. Et c’est en 1987 qu’il s’est retiré à Sanary, ce port situé près de Toulon.

Ce jour de septembre 1977, Sanary a beaucoup gagné. Le Nord à l’inverse a beaucoup perdu.

Il a perdu l’homme qui ne croit pas au hasard « Dieu me suffit ». L’homme qui a été « scandalisé atrocement » par l’attitude d’une partie de l’Eglise et des chrétiens pendant la guerre « Ils parlaient du génie d’Hitler ».

Aussi, l’homme qui, un jour, a célébré la messe, avec un flic des Renseignements Généraux, flingue dans la ceinture, à ses côtés. Le policier avait été enfant de chœur… L’homme qui ne connaît pas la peur, « même pendant la guerre. C’est seulement après coup. J’aurais pu mourir en héros, sans le savoir. »

C’est également l’homme à qui on a proposé « des choses, des tas. Même la cathédrale. Je suis allé voir Monseigneur Gand, il m’a compris. Je ne veux pas devenir un personnage, être une personne me suffit »

En 1989, il fêta, à Tourcoing, le 50ème anniversaire de son ordination.

Après 62 ans de prêtrise, c’est à Bonsecours, près de Rouen, que l’abbé Joseph Blomme s’est éteint, le 26 mai 2001, à 89 ans.

 

6/8/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse