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Le Poste Frontière rue de Lille Halluin,

 dans les années 1960.  

 (Photo n° 1983)

La Frontière Halluin - Menin (B)...

Vue par L'Halluinois Roland Verkindère.

Géographe passionné, formidable narrateur,  le regretté Roland Verkindère a beaucoup travaillé sur la frontière. Au-delà des enjeux historiques et de l'activité économique, cette frontière était pour lui porteuse de symboles. De valeurs.

 

Le tracé de la frontière Halluin-Menin a connu bien des aléas à travers les époques pour devenir complètement transparente quelque part dans les ondulations de la Lys.

 

Pour Roland Verkindère, cette frontière a structuré l'aménagement du territoire à Halluin. « Entre 1840 et 1960, de nombreuses entreprises sont venues s'installer sur la rive droite de la Lys, proche de la main d'oeuvre flamande réputée travailleuse. » Ainsi beaucoup d'industries de Roubaix et de Tourcoing délocalisaient une partie de leurs activités à Halluin, comme Lorthiois.

 

Les industriels belges, comme Gratry ou encore Pidy, désireux de se préserver du protectionnisme et de s'ouvrir au marché français, avaient également fait le pas. D'où le boom de la démographie halluinoise à la toute fin du XIXe siècle et au début du siècle dernier.

 

En 1866, Halluin comptait 13 673 habitants dont 9 875 personnes issues de l'immigration flamande. En 1901, Halluin rattrape Menin, on recense 16 600 habitants dont plus de la moitié de Flamands bientôt rejoints par la grande mosaïque culturelle de l'épopée industrielle. Des aspects qui font dire à Roland Verkindère que la frontière est au-delà de l'espace physique, un lieu riche d'échanges.

 

Des matières premières en transit à la culture. Sans oublier tous ces couples que la frontière a rapprochés. « C'est aussi un lieu qui favorise la comparaison sur le plan des salaires, de la fiscalité, de la santé... » À l'époque du franc, la frontière était aussi synonyme de pouvoir d'achat pour les Halluinois grâce à un taux de change avantageux.

 

Un héritage qui a influencé plusieurs générations et imprégné toute une ville : « Quand on vit à la frontière, on a une curiosité naturelle. Nos rapports au voisin, à l'étranger, à l'autre sont différents... », témoignait Roland Verkindère.

 

1/10/2011.

Commentaire : Daniel Delafosse