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Les inventaires des biens de l'Eglise Saint-Hilaire,

 du 8 mars 1906.

(Ph. n° 4046,4047,4048,4049,4052)

 

Les inventaires des biens

 de l'Eglise Saint-Hilaire en  1905 – 1906. 

 

A l’aube du XXe siècle, 60 % des Halluinois déclaraient se rendre à la messe dominicale. Tous Les soirs, à 22 h, la petite cloche de l’église sonnait la fermeture des estaminets. C’est dans ce contexte en effet que la loi de séparation des Eglises et de l’Etat entraîne de graves incidents à Halluin trois mois après sa promulgation en décembre 1905.

 

Les biens des paroisses et des communautés religieuses iront, après inventaire, à des associations culturelles, constituées par des laïcs ou à défaut à des établissements communaux d’assistance ou de bienfaisance ; l'Etat confisquant purement et simplement tous les biens d'Eglise antérieurs à la Révolution.

 Déjà, lors de la discussion du projet de loi à la Chambre des députés et au Sénat, circulait, dans Halluin, une pétition hostile qui avait recueilli plus de 4500 signatures.

 

La position du Pape, condamnant la spoliation des biens ecclésiastiques, refusant la création d’associations culturelles qui échappaient à son autorité et à celles des évêques, cette position rejoint celle des fidèles surtout en ce pays fortement catholique.

 

Les inventaires d'Halluin auraient dû avoir lieu le 7 ou 9 mars 1906 : M. Rabier, inventorieur, ne peut effectuer son travail ni à Saint-Hilaire, ni à Saint-Alphonse. Selon le "Journal de Roubaix", on parle de 3000, 8000 et même 12 000 manifestants catholiques qui interdisent l'approche de l'église.

 

Quatre à cinq cents fidèles sont enfermés dans l'église. Des troupes de Lille arrivent et dégagent la place. Ils établissent des barrages. Après les sommations réglementaires, les "crocheteurs" se mettent à l'oeuvre et défoncent la porte. Celle-ci a été renforcée par d'énormes poutres provenant de vieux métiers à tisser. Des chaises ont également été empliées. Des projectiles de toute sorte ont été lancés sur les crocheteurs et les soldats.

 

Milices, échauffourées, armée réquisitionnée pour accélérer les opérations : cette atmosphère de guerre civile larvée prend à Halluin une intensité redoutable. Les incidents survenus à Saint-Hilaire et Saint-Alphonse sont illustrés par des cartes postales.

 

Après plusieurs tentatives, les autorités sont embarrassées, mais une dépêche de la préfecture ordonne de surseoir à l'inventaire dans le cas où des scènes sanglantes seraient à craindre. Gendarmes et crocheteurs se retirent sous les huées de la foule.

 

La foi des catholiques est débordante et l'inventaire des biens d'Eglise est suspendu. Les évènements d'Halluin font même écho dans les journaux d'Italie, de Grande-Bretagne et de Belgique.

  

A la suite des ces évènements le maire, Pierre Defretin et ses deux adjoints Jules Demeestère et Paul Lemaitre sont suspendus de leurs fonctions pour un mois. Le 12 mars 1906 hommage leur est rendu hors réunion officielle du Conseil municipal.  Démis de leurs fonctions ils seront cependant réélus en 1908.

 

La police enquête sur les agissements de certaines personnes qui sont convoquées au commissariat. Deux travailleurs belges sont alors expulsés. Le 20 mars 1906, l'inventaire est réalisé par effet de surprise. Des solutions provisoires seront mises au point pour laisser aux fidèles l’accès à l’église.

 

Le 20 novembre 1906, à nouveau les inventorieurs reviennent à Halluin. Le tocsin sonne, les soldats du génie défoncent la porte, mais aucun incident n'est à signaler.

 

C’est à cette époque que le denier du culte est établi afin de pourvoir au traitement des prêtres.  

En 1905-1906, Halluin souffre encore d’un double et triste record : mortalité de la population et mortalité infantile.

 

5/10/2010.

Commentaire : Daniel Delafosse