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Chez les Françaises présentes en Angleterre,

beaucoup s'engagent comme auxiliaires,

 conductrices ambulancières ou infirmières. 

(Photo DD 12569  n° Img 649) 

 

Londre, début juillet 1940... 

Récit de "La Voix du Nord" du 13 juin 2010.

Archives Photos : Daniel Delafosse.

 

« Il est là, avec son képi à feuilles de chêne. Je le vois pour la première fois : il marquera ma vie. Rien de plus difficile que de traduire ce premier contact avec De Gaulle dans une situation aussi bouleversante. »

 

Ce 6 juillet 1940 à l'Olympia Hall de Londres, Yves Guéna (futur ministre et président du Conseil constitutionnel) est au milieu de quelques centaines de jeunes gens accourus des quatre coins du pays, parfois de plus loin. Dans la même salle, les deux seules unités de l'armée française ralliées avec armes et bagages : deux bataillons de la 13e demi-brigade de la légion étrangère, un petit millier de solides militaires qui ont combattu à Narvik quelques semaines auparavant.

 

Solitude.

 

Ils ont 18 ans à peine, ne savent pas encore qu'ils vont former l'embryon des futures Forces françaises libres. Quelques mois plus tard, Yves Guéna - comme son ami François Jacob, futur prix Nobel et chancelier de l'ordre de la Libération - et quelques autres vont se retrouver dans des unités combattantes sur les champs de bataille d'Afrique du Nord et d'Europe. Équipés de bric et de broc, ils vont livrer de violents combats au Tchad, dans les sables de Libye, avant que ne soient constituées les grandes unités que sont notamment la 1re division française libre (1re DFL) et la 2e division blindée (2e DB).

 

Une épopée mille fois racontée. Il est vrai, comme le dira souvent Maurice Schumann, qu'elle allait puiser dans le vieux fonds de la chevalerie, avec ses croisés d'une juste guerre. Mais avant la gloire et l'ivresse de la victoire, il y a eu pour ces jeunes comme pour le général la solitude, l'inconnu.

 

Ce même 6 juillet 1940 à l'Olympia Hall de Londres, Daniel Cordier, futur compagnon de clandestinité de Jean Moulin, voit lui aussi pour la première fois De Gaulle qui leur tient un curieux discours. « Je ne vous féliciterai pas d'être venus : vous avez fait votre devoir. Quand la France agonise, ses enfants se doivent de la sauver. » Impression de malaise : « Désormais, mon chef est cet homme froid, distant, impénétrable, plutôt antipathique. » Gothique, dira François Jacob. « Oui, il avait tout d'une cathédrale, avec sa noblesse et son rayonnement », souligne Yves Guéna.

 

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De Gaulle, dans son bureau définitif

 à Carlton Gardens, à Londres. 

(Photo DD  12566  n° Img 565) 

 

Au début de l'été 1940, De Gaulle est quasiment « Charles le Seul », comme l'écrit Jean Lacouture. À ses côtés, un aide de camp, quelques officiers qui ont décidé de rester à Londres avec lui, quelques marins, quelques aviateurs.

 

Dès le 28 juin pourtant, le gouvernement britannique l'a reconnu « chef de tous les Français libres », ce qui lui vaut reconnaissance et légitimité. Au terme de plusieurs semaines de négociations, les Forces françaises libres sont officiellement constituées le 7 août, tandis qu'une administration se met en place dans les locaux du 4, Carlton gardens.

 

Quatre hommes vont y jouer un rôle essentiel : un juriste, René Cassin un vice-amiral, Muselier un polytechnicien, André Dewavrin, futur colonel Passy qui mettra sur pied les services secrets (BCRA) un géographe, Pierre Denis, à qui on confiera les finances.

 

Sans oublier Maurice Schumann, jeune journaliste catholique de gauche nommé porte-parole, et une petite équipe d'hommes de radio intégrés bientôt à la BBC.

 

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Assis, De Gaulle écoute Maurice Schumann : 

"Honneur et Patrie, voici le général de Gaulle...".

(Photo DD 12574  n° Img 681)

 

À Londres auprès du général, à peine 500 personnes. Effectifs militaires à l'automne 1940 : à peine plus de 12 000 hommes, qui se monteront à 35 000 hommes avec les ralliements des premières unités de l'Empire colonial. Officiellement, les effectifs des Forces françaises libres ne dépasseront pas 60 000 hommes.

 

"Capitaine dans les Forces françaises libres, Maurice Schumann a rejoint le général de Gaulle  à Londres, dix jours après l'appel du 18 juin. Le 30, il se présente au général. Une seule consigne : "Prenez invariablement la position la plus élevée, c'est généralement la moins encombrée". Cette phrase Maurice Schumann ne l'oubliera jamais !

 

20/6/2012.

Commentaire : Daniel Delafosse